Hommage à Klaus Nomi : ma collection de vinyls | |
---|---|
manu2 Inscrit le : 05/03/16 Membre Disque Platine 1738 messages |
Posté le 23/02/22 à 18:49 |
Né le 24 janvier 1944, en Allemagne, Klaus Sperber, plus connu sous son nom de scène, Klaus Nomi, grandit à Berlin, où il poursuit des études musicales, avant de partir travailler en Suisse. Il s'oriente d'abord vers la musique classique et le chant d'opéra, avant de progressivement expérimenter la musique électronique. Promu par David Bowie, c'est au tout début des années 80, que son mélange atypique opéra et new-wave, fera de lui l'icône indémodable qui marquera les esprits. Il voyage essentiellement aux Etats-Unis et en France, d'où une discographie marquée dans ces 2 pays. Bien sûr, c'est sa voix qui attise la curiosité, mais son look inclassable, également. A peine sa carrière est-elle lancée, qu'il nous quitte en 1983, à l'âge de 39 ans, des suites du Sida. Voici la discographie, certes brève, mais selon moi essentielle, que cet artiste hors-normes nous a laissé en l'espace de 3 petites années. I - Les albums : Seulement 2 albums sortent du vivant de Klaus Nomi. Le premier, au titre éponyme, édité en 1981, propose un mélange novateur de voix d'opéra sur fond de musique électronique. Le disque est dédié à Anders Grastrom, un cinéaste suédois qui a eu l'occasion de filmer un concert de Klaus Nomi, et est décédé à l'âge de 24 ans, victime d'un accident de la route. Il n'aura sorti qu'un seul et unique film, en 1980, l'année de sa mort, "The long island four". "Keys of life" ouvre magistralement la face A : c'est un titre profondément triste et desespéré. Il contraste avec la chanson suivante : "Lightning strikes", léger, presque enfantin, avec le savant changement de voix propre à Nomi, qui tantôt vocalise très aigu, tantôt parle, tantôt chante avec une voix grave. Enchaînement sur "The twist", dont le rythme lent contredit le titre, sur lequel se pose la voix de soprano de Klaus, ce qui achève de perturber notre oreille. Se sachant condamner, Klaus Nomi va mettre à profit ce peu de temps qui lui reste à vivre pour mettre sa vie en chansons. C'est le cas de "Nomi song", où il ose ce fameux jeu de mots "You don't know me". Enfin, la 1ère face se termine sur l'enjoué "You don't own me", encore une chanson autobiographique dans laquelle il se compare à un jouet manipulé. I'm young and I love to be young I'm free and I love to be free To live my life the way I want To say and do whatever I please La face B commence avec un titre qui vous file des frissons à chaque écoute, et cela même 41 ans plus tard ! Je veux parler de "The cold song", un air repris de l'opéra "King Arthur" de Purcell. Klaus Nomi n'en garde que l'aspect le plus sombre et glacial, celui où un être s'enfonce dans le froid jusqu'à la mort. Alors que dans l'opéra, Cupidon apporte l'amour salvateur qui va dégeler les coeurs... S'ensuit encore une chanson à la première personne, avec "Wasting my time", un titre désenchanté dans lequel Klaus exprime de manière très négative, son sentiment d'une relation amoureuse qui n'aboutit à rien, sinon perdre son temps. "Total eclipse", chantée avec entrain, n'est en fait que la fin du monde imaginée par Klaus, d'une manière très heureuse, où nous finirons tous, certes en dansant, mais démembrés... Une courte musique d'outre-tombe, "Nomi chant" fait le lien avec la chanson suivante, "Samson and Delilah". Ce titre va achever ce funèbre opus en beauté, grâce à la voix de Nomi qui peut s'exprimer pleinement dans cette aria. Tirée d'un opéra de Camille Saint-Saens, la chanson est chantée en français. Mon coeur s'ouvre à la voix, comme s'ouvrent les fleurs Aux baisers de l'aurore! Mais, ô mon bienaimé, pour mieux sécher mes pleurs, Que ta voix parle encore! En 1982, Klaus Nomi sort son deuxième et dernier disque, comme s'il nous laissait un testament. Intitulé "Simple man", du nom de l'un des titres qu'il contient, c'est un album toujours aussi sombre, même si Klaus sait souffler le chaud et le froid. "From beyond" est le morceau musical glaçant d'ouverture : il annonce la tonalité de l'album. Le chant lointain de Klaus se mélange à une musique électronique froide et minimaliste, avec le son d'un tocsin sur fond de vent hivernal : c'est sublime ! "After the fall", un rock énergique, vient réveiller le mortel que nous sommes. C'est en fait la suite directe du "Total eclipse" du 1er album, avec la fin de la Terre peuplée uniquement de mutants dans une atmosphère radioactive... "Just one look", plus léger, nous conte le coup de foudre sur un simple clin d'oeil. Et le titre suivant, "Falling in love again", vient comme en osmose enfoncer le clou, sur le fait de tomber amoureux malgré soi. "ICUROK" est l'un des traits de génie de cet album. Ecrit en pseudo phonétique, les lettres mises les unes à côté des autres forment des vers. Ainsi "I see you're OK" donne le titre de la chanson "ICUROK". La musique robotique offre un écrin parfait à l'exercice. ICUROK2C ICUROK2 ICUROK2C ICWR2 URAQT I1U2 OO2EZ I1U2 La face A se termine sur le splendide "Rubberband lazer". Accompagné par une musique électronique que ne renierait pas le groupe Trans-X, façon quadrille américain, Klaus nous emmêne dans un voyage spatio-temporel, où les lassos se transforment en rayons lasers pour attrapper... des poneys ! Sur la 2ème face, retour au cri déchirant de Klaus, qui nous assène un "Wayward sisters", aux paroles énigmatiques, mais de haute volée lyrique. Enchaînement sur "Ding Dong", chanson pour enfants tirée du célèbre conte "The wizard of Oz", plutôt incongrue. Peut-être une transition pour le titre suivant. "Three wishes" est un autre joyau de cet album : Sur un rythme enlevé, Klaus exauce son voeu auprès de la fée : porter une robe ! La chanson qui a donné son titre à cet opus, c'est "Simple man", dans laquelle Nomi souhaite qu'on se souvienne de lui comme un homme simple, sans nous rappeler non sans humour, que c'est pourtant... si simple ! Et puis, l'ultime chanson, sinistre, bouleversante : "Death". Tirée d'un opéra de Purcell nommé "Dido & Aenas", elle est ici interprétée de manière magistrale, par un Klaus écorché vif. Remember me! Remember me! But aaah! Forget my fate Remember me! That thy forget my fate Une mélopée angélique, acapella, vient alors clôre l'album, comme une montée au paradis. (à suivre) |
|
jimi Inscrit le : 24/05/14 Membre Disque Platine 1921 messages |
Posté le 24/02/22 à 16:18 |
Toujours sympa tes chroniques !
Angoisse ! émotion ... ! Mais pas pour moi pour l'instant ! |
|
manu2 Inscrit le : 05/03/16 Membre Disque Platine 1738 messages |
Posté le 24/02/22 à 19:17 |
jimi a écrit :
Toujours sympa tes chroniques !
Angoisse ! émotion ... ! Mais pas pour moi pour l'instant ! Merci ! Effectivement, c'est assez spécial dans le jusque boutisme. Toute l'oeuvre de Klaus Nomi tend vers la fin, le néant, bref, la mort. Sa propre mort. Klaus Nomi vit une tragédie qu'il chante et met en musique, peut-être pour l'exorciser ou mieux l'appréhender ? Personnellement, cet artiste m'a toujours fasciné, et je l'écoute depuis les années 80. J'ai mis à jour le premier post. |
|
manu2 Inscrit le : 05/03/16 Membre Disque Platine 1738 messages |
Posté le 01/03/22 à 19:25 |
Le 6 août 1983, Klaus Nomi nous quitte, ce qui incite RCA à éditer la toute première compilation en fin de cette même année. Une compilation pour seulement 2 albums parus de son vivant ? Ca laisse dubitatif.
Et pourtant, ça fait le job, grâce à une superbe pochette que n'aurait sûrement pas reniée Klaus, et l'ajout de 4 inédits. En ouverture de la face A, "Fanfare", un court instrumental dont le titre colle parfaitement au contenu; "Can't help falling in love", une magnifique reprise de la chanson d'Elvis Presley; "Der nissbaum", une chanson chantée en allemand qui célèbre l'amour courtois, et enfin "Total eclipse" interprétée en concert à New-York en 1979. On retrouve également les titres célèbres tels que "Cold song", et "Ding dong". En 1986, bien plus excitant, sort "In concert". Avouons-le de suite, le disque manque d'envergure : on aurait aimé un gatefold avec des photos et un double vinyl, avec beaucoup plus de titres. Mais il va falloir s'en contenter ! 8 titres c'est peu, mais ça ne va pas nous empêcher de nous en délecter. On retrouve donc le concert de 1979 enregistré au Hurrah's de New-York. "Keys of life", un instrumental grandiloquent, ouvre le bal. S'ensuit "Falling in love again", métamorphosé en live. Puis la courte chanson "Lightning strikes", suivie de "Nomi song" et "The twist". La face B démarre fort avec "Total eclipse", l'ex-inédit de la compil, qui s'enchaîne avec le titre phare de ce concert : "I feel love", la reprise de Donna Summer ! Et c'est une version à la fois géniale et déconcertante que Nomi s'approprie totalement. Le mélange boîte à rythmes, synthé, bruitages incongrus, sur lesquels se pose avec justesse la voix majestueuse de Nomi, propulse ce titre vers une autre dimension. Une grande réussite qui en fait l'un de mes titres préférés de cet artiste. L'album se termine sur "Samson and Delilah", qui nous prouve si besoin était, l'incroyable tessiture de la voix de cet artiste unique. A suivre : les 45 tours |
|
manu2 Inscrit le : 05/03/16 Membre Disque Platine 1738 messages |
Posté le 02/03/22 à 18:22 |
II - Les 45 tours
Forcément, qui dit courte carrière, dit courte discographie. Et ce n'est donc qu'une poignée de singles qui sortiront en 3 ans. "You don't own me", couplé avec "I'm falling in love again" sort en 1981, suivie de "Nomi song" avec "Cold song" en face B. "Lightning strikes" fait l'objet d'une édition 45 tours en 1982, avec encore une fois "I'm falling in love again" au verso. "Ding dong" sort ensuite avec "ICUROK". Puis c'est au tour de "Simple man", avec le sublime "Death" de paraître dans les bacs. Enfin, sur le sol français, le film de Maurice Pialat, "A nos amours" avec Sandrine Bonnaire dans le rôle principal, utilise la chanson "Cold song"; l'occasion pour la maison de disques de le resortir en 45 tours en 1983. En Allemagne, en 1981, « Total eclipse » fait l’objet d’un 45 tours, avec en face B, « Falling in love again ». On peut également citer « Just one look », qui sort au Canada, et « I feel love » en France, en 1986, avec un prix devenu aujourd’hui prohibitif ! A suivre : les maxis 45 tours. |
|
manu2 Inscrit le : 05/03/16 Membre Disque Platine 1738 messages |
Posté le 04/03/22 à 18:57 |
III - Les Maxis 45 tours :
En France uniquement, en 1981, sort un maxi promotionnel de Klaus, avec les titres "You don't own me", "Lightning strikes" et "The cold song". Toujours en France, et toujours interdit à la vente, c'est un maxi 4 titres qui est envoyé aux radios et discothèques. Il contient "Wayward sisters", "Ding dong", "Simple man" et "Death", en annonce du futur album, "Simple man". |
|
manu2 Inscrit le : 05/03/16 Membre Disque Platine 1738 messages |
Posté le 07/03/22 à 18:11 |
Aux Etats-Unis, c'est "Total eclipse" qui fait l'objet d'un maxi promo, à l'occasion de la sortie de l'album "Urgh ! A music war", une compilation d'artistes à la mode dont les concerts filmés ont fait l'objet d'un film. Et c'est donc la version live sur les 2 faces, enregistrée au Ritz, à New-York le 22/08/1980.
Et enfin, un maxi sort dans le commerce, au Canada, en 1983, avec "ICUROK" en face A, et "Simple man" en face B. |
|
manu2 Inscrit le : 05/03/16 Membre Disque Platine 1738 messages |
Posté le 08/03/22 à 19:12 |
C'est bizarrement en 1985, que sort en France, le maxi de "Ding dong" dans une version longue de 5'25", alors que le 45 tours était sorti en 1982... Cette version est très correcte, mais je n'accroche pas plus que ça à la chanson, très enfantine. La face B propose le live de "Samson & Delilah", enregistrée au Merlyn's à Madison, le 20/09/1980. IV - Conclusion : Rattrappé par la maladie, Klaus Nomi nous a offert les chansons qu'il a eues le temps de mettre en musique, nous laissant un goût amer de carrière inachevée. Sa voix rare, son look unique, ses prédispositions pour la mise en scène, son goût pour l'innovation, ont fait de lui une figure majeure de l'opéra et la new-wave, arrivant à concilier les deux avec brio. Pour prolonger le plaisir de le voir et l'entendre, on peut citer le DVD "The Nomi song", sorti en 2004, un documentaire de 96 minutes, que je n'ai pas encore pris le temps de regarder. Il existe aussi un opéra inachevé, sorti en format CD en 2008, intitulé "Za Bakdaz", mais avec pas mal de bidouillages sonores pour en faire quelque chose d'à peu près écoutable. Et puis bien sûr des compilations, toujours en CD, telles que "The collection", et "Klaus Nomi" qui contient pas moins de 20 titres. Et pour clôre en beauté cette hagiographie, la vidéo de "Total eclipse" en concert, filmée en 1981 à New-York : Merci de m'avoir lu. Le prochain hommage sera dédié à... Djamel Allam ! Pour rappel, la liste des hommages publiés sur Vinyl collection : Mark Hollis Rachid Taha Dave Greenfield Florian Schneider Freddie Mercury Daphné Hendricks George Young David Bowie Jim Morrison Dusty Hill |
|
Vous devez être connecté pour ajouter de nouveaux messages. |